• Lors de nos déplacements autour de Berne (capitale suisse), nous avons notamment visité la belle église de Münchenbuchsee (canton de Berne).
• C'est à Münchenbuchsee que le grand peintre suisse Paul Klee est né en décembre 1879 (il est décédé à Muralto, au Tessin, en juin 1940). Nous mettons ici en ligne quelques liens concernant ce peintre dont la renommée a largement dépassé nos frontières:
- https://www.museen-bern.ch/fr/museen/zpk/ (Centre P. Klee à Berne),
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Klee (lien en français),
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_Paul_Klee (centre P. Klee à Berne),
- https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/012028/2012-05-31/ (lien historique sur P. Klee).
• Description, histoire de la cité et de l'église: en 1180, l'évêque de Constance mentionne l'existence d'un chevalier bernois, Kuno von Buchsee, qui fit don de toute sa seigneurie et biens situés à Münchenbuchsee, Worblaufen et près de Bienne et Morat, à la future Commanderie des Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Münchenbuchsee. En 1210, on mentionne l'existence de bâtiments situés derrière l'église, bâtiments comprenant une grande cuisine, deux fours pour le pain, un dortoir pour les malades et un bâtiment pour accueillir les pèlerins. Deux fois par semaine et ceci pendant 350 ans, des repas simples furent ainsi distribués aux pauvres en ce lieu. Cette Commanderie, entourée d'un mur, possédait son sceau (attesté en 1264); elle fut admise dans la combourgeoisie de Berne en 1329. La fondation de l'hôpital fut confirmée par le pape dès 1192. De 1280 à 1330, des maîtres verriers inconnus créèrent les fameux vitraux qui ornent le choeur de l'église actuelle. De 1300 à 1330, le choeur de l'église fut agrandi. En 1528, la Réforme arriva. Le commandeur favorisa la sécularisation de la Commanderie et reçut de Berne le château de Bremgarten pour s'y établir. La Commanderie fut transformée en cure. Bâtiment conventuel et annexes furent transformés en greniers, alors que les autres bâtiments furent utilisés pour l'administration du bailliage. Au Nord, les constructions médiévales furent remplacées par un château pour loger le bailli (entre 1600 et 1620). Le bailliage fut supprimé en 1798. En 1648, Johann Friedrich Steck fonde la première école de Münchenbuchsee. En 1770, un incendie ravagea les lieux. En 1798, les troupes françaises arrivent à Berne. En 1803, le territoire du bailliage est attribué au District de Fraubrunnen.
• L'église plus en détail: un premier lieu de culte est mentionné au 12ème siècle; il servait d'église privée des Seigneurs de Buchsee (Herren von Buchsee). La grande phase fondatrice de cette église (au plan de la construction) se situe au tournant de l'an 1300. Le choeur de l'église est agrandi vers 1300 à 1330 et il est alors séparé de la courte nef par une barrière (ou jubé). Le choeur est attribué aux Frères de la Commanderie. Des transformations eurent lieu aux 14 et 15èmes siècles pour améliorer le confort des services religieux. La Réforme provoqua des transformations décisives dans l'église: le jubé disparut et entraîna la réunion de la nef et du choeur en un seul lieu de culte. La tour gothique de l'église fut démolie en 1891 et remplacée par la tour actuelle (selon un projet de l'architecte Franz Stempkowski: 1844-1902). Des restaurations eurent lieu en 1908 puis en 1955 à 56: elles donnèrent à l'édifice son aspect actuel. Selon des aquarelles de l'architecte Paul Riesen (1943), restituant, en perspective, la Commanderie de Münchenbuchsee, on distingue un grand mur d'enceinte englobant les constructions d'avant la Réforme: l'église y occupe une place centrale avec autour différents bâtiments et au moins trois entrées défendues par quelques ouvrages fortifiés. L'intérieur de l'édifice religieux remonte, quant au choeur, à l'an 1300 environ, les trois verrières de l'abside datant d'un peu avant 1300 jusque vers 1330 environ. La tribune de l'orgue remonte à 1616 et obscurcit un peu la courte nef. Les stalles remontent à 1630. Trois de ces stalles datent de 1300 environ. La chaire est aussi datée de 1630.
• Les vitraux: avec les trois grandes verrières du choeur de l'église de Münchenbuchsee, le canton de Berne possède des exemples très précieux de l'art du vitrail des 13 et début 14èmes siècles. La restauration de ces vitraux incomparables eut lieu en 1900-1901 par le maître verrier Emil Gerster, sous la conduite de l'historien d'art lucernois Joseph Zemp (1869-1942). Le travail fut de réincorporer les 28 vitraux d'origine dans trois verrières complétées par les soins de l'artiste. Une restauration (avec une protection spéciale) eut lieu encore en 1987. La verrière axiale de l'abside relate la Passion du Christ: il s'agit de la plus ancienne représentation, sous forme de vitraux, de la Passion, en Suisse. Au-dessus de cette Passion, vraiment impressionnante, figurent deux vitraux: l'un montre Marie et l'enfant Jésus et l'autre Ste-Catherine. La verrière Sud du choeur comporte des éléments décoratifs, en partie reconstruits, et quatre figures remarquables incorporées chacune sous un baldaquin: le fondateur Kuno von Buchsee, l'apôtre Pierre (avec une clef), Maria Magdalena et une sainte portant une couronne. La verrière Nord de l'abside est purement décorative (oiseaux, décors végétaux, vignes). Quelques panneaux de cette verrière Nord sont des reconstitutions modernes. De l'ensemble de ces vitraux se détachent incontestablement, aux yeux des historiens, les six panneaux relatant la Passion du Christ (verrière axiale). Il est difficile d'affirmer de quels ateliers de verriers ces vitraux remarquables sont issus. On évoque des ateliers qui pourraient appartenir au courant artistique alsacien, aux environs de 1280-1290. Toutefois, on sait aussi que des verriers étaients occupés sur des chantiers importants en ville de Berne (la cathédrale, et aussi l'actuelle église française de Berne). Ces vitraux représentent un message spirituel particulièrement remarquable encore parfaitement visible de nos jours, depuis le Moyen Âge. Dans la rubrique spécifique de " photos " consacrée à ces vitraux, nous avons essayé de restituer ce que l'on peut admirer sur place.
• L'orgue: un instrument, identifié avant 1528, fut sacrifié au moment de la Réforme. En 1799, un orgue à un clavier refait son apparition: il est l'oeuvre du facteur Johann Jakob Suter. Ce petit orgue est remplacé, en 1837, par un instrument du facteur emmentalois Mathias Schneider (1775-1838). Ce facteur fut préféré au célèbre facteur zougois Franz Jodeph Remigius Bossart, également sur les rangs. L'orgue de Schneider était un instrument à un clavier avec 13 jeux et un pédalier. De l'orgue de Schneider (ce fut son dernier instrument) il ne subsiste à ce jour que l'impressionnant grand buffet dans un style baroque tardif remarquable. C'est le sculpteur lucernois Joseph Amberg qui exécuta la décoration du grand buffet de cet orgue. Cet orgue fut restauré par la Manufacture de Grandes Orgues Genève SA, en 1968; l'instrument devait alors monter à 35 jeux avec construction d'un Positif de dos, placé en balustrade, et réalisé exactement sur le modèle du grand buffet de Mathias Schneider. [Remarques: Johann Jakob Suter est l'auteur, en 1789, d'un autre instrument remarquable en l'église de Meiringen. Franz Joseph Remigius Bossart est l'auteur de l'orgue et du buffet de l'Eglise française de Berne (1828)].
• Composition des jeux de l'orgue Genève SA (1968) de l'église de Münchenbuchsee [composition aimablement communiquée par un responsable de la paroisse]:
Hauptwerk (Grand-Orgue): Rohrgedackt (Bourdon à cheminée) 16', Principal 8', Spitzflöte 8', Octave 4', Rohrflöte (Flûte à cheminée) 4', Octave 2', Mixtur 4-6f 1 1/3', Cornett 5f, Trompete 8'.
Rückpositiv (Positif de dos): Gedackt (Bourdon) 8', Quintatön 8', Principal 4', Blockflöte 4', Flageolet 2', Larigot 1 1/3', Mixtur 4f 1', Krummhorn (Cromorne) 8'.
Schwellwerk (Récit): Suavial 8', Koppelflöte 8', Octave 4', Hohlflöte (Flûte creuse) 4', Quinte 2 2/3', Nachthorn (Cor de nuit) 2', Terz (Tierce) 1 3/5', Scharf 4f (Mixture) 2', Trompete 8', Schalmei (Chalumeau) 4'.
Pedal: Principalbass 16', Subbass 16', Principal 8', Gemshorn (Cor de chamois) 8', Octave 4', Mixtur 4f 2 2/3', Posaune (Trombone) 16', Zinke (anche proche de la Trompette) 8'.
Accouplements: Récit/GO, Récit/P, GO/P, Pos./GO, Pos./P.
[Se rappeler notre rubrique sur les noms des jeux de l'orgue: cliquer ici ].
• Ouvrage, liens:
- ouvrage: Kirche und ehemalige Johanniterkommende Münchenbuchsee, par Marco Zimmermann, Gesellschaft für Schweizerische Kunstgeschichte GSK, Pavillonweg 2, 3012 Bern, 2005. Opuscule richement illustré de 48 pages, en allemand.
- https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%BCnchenbuchsee (lien en français),
- http://www.kige.ch/ (lien pour la Paroisse),
- https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/000307/2009-11-19/ (lien historique très complet, en français),
- http://www.muenchenbuchsee.ch/artikel/44/Portrait/Geschichte (autre rubrique historique, en allemand),
- https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/025319/2005-11-07/ (famille Bossard dont les facteurs d'orgues font partie),
- http://peter-fasler.magix.net/public/BEProfile3/muenchenbuchsee.htm (l'orgue).
• Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel de l'orgue Genève SA (buffet historique), de 1968, en l'église de Münchenbuchsee (canton de Berne). Les autres clichés personnels figurent dans les rubriques " photos 1 " (église et orgue) et " photos 2 " (vitraux) attenantes à cette page de texte.
• Page revue et corrigée début juin 2020.
• Les catholiques peuvent se rendre à l'église de la ville voisine (Zollikofen): voir ici (lien donnant une vue de l'orgue de cette église catholique et sa composition de jeux. Voir aussi la carte au bas de cette page pour la proximité).
